Souvent, quand on est face au comportement difficile d’un enfant, le premier réflexe est de « mettre du cadre », de poser des limites.

Le cadre, c’est important, bien sûr. Mais parfois, ça ne suffit pas. On peut vite alors se trouver dans une situation où l’enfant et l’adulte sont tout le temps en opposition. Ça épuise l’adulte, ça n’aide pas toujours l’enfant, et la qualité de la relation peut en prendre un coup (et alors… c’est pire !).

On peut alors assister à un cercle vicieux : le comportement de l’enfant énerve l’adulte, et l’énervement de l’adulte renforce l’enfant dans son comportement.

Un enfant qui présente un comportement difficile nous montre ses besoins. C’est parfois un besoin de limites, mais c’est souvent plus compliqué que cela. Des notions comme le sentiment sécurité, l’estime de soi, le besoin d’une relation de qualité avec les adultes, les émotions, … entrent aussi en ligne de compte !

Aborder la question de cette façon, c’est essayer de rompre le cercle vicieux, pour construire à la place des « cercles vertueux » où la position de l’adulte influence positivement le bien-être de l’enfant.

 

Chercher à développer les capacités de mon enfant à réguler ses émotions

Le comportement de l’enfant peut être en lien avec sa capacité à réguler ses émotions, c’est-à-dire à les identifier et les exprimer d’une manière acceptable par la société, qui lui permette aussi de se sentir bien.

Gérer ses émotions, ce n’est pas inné, ça s’apprend.

Cela implique par exemple de pouvoir identifier ses propres émotions, mais aussi celles des autres (c’est un bel outil pour les relations sociales de percevoir comment se sent l’autre !). Pour ça, les parents peuvent mettre des mots le plus souvent possible sur les émotions : quand l’enfant les vit, mais aussi quand eux-mêmes les ressentent. Jouez ! Face à un miroir, on peut expérimenter ensemble tout le panel des mimiques en lien avec les émotions. Lisez ! Il y a plein de chouettes livres qui parlent des émotions.

C’est aussi important de réfléchir avec l’enfant à ce qu’il peut faire (et ne peut pas faire !) pour exprimer une émotion ? Par exemple : votre enfant a bien le droit d’être en colère (nous aussi, les adultes, on ressent parfois de la colère, c’est important parce que ça nous donne des infos sur nos besoins !). Mais quand il est en colère, qu’est-ce qui est permis ? Il ne peut pas frapper sa sœur. Mais que peut-il faire de sa colère ? Crier un bon coup dehors, frapper dans un coussin, pleurer dans les bras de ses parents ?…

Ce qui compte et ce qui aidera votre enfant, c’est d’en parler dans les moments où il n’est pas confronté aux émotions.

Apprendre à son enfant à mieux réguler ses émotions, c’est un travail de longue durée. Ça ne peut être une réponse à la crise que s’il y a du boulot derrière, en prévention. Mais ça en vaut la peine !

Renforcer le sentiment de sécurité de mon enfant

Un enfant qui présente un comportement difficile exprime parfois son besoin d’être rassuré.

Chaque enfant, pour bien grandir, doit pouvoir compter sur une relation de qualité avec des adultes, le plus souvent ses parents avant tout. Il a besoin de savoir qu’il peut compter sur vous, et par exemple que les conflits entre vous ne vont pas abîmer votre relation.

Quand on est tout le temps en opposition avec l’enfant, quand les conflits prennent toute la place, c’est important de « soigner la relation » avec son enfant, de montrer à l’enfant qu’il compte, qu’on est là pour lui, qu’on veille sur lui.

Certains enfants seront plus vite apaisés que d’autres. Ils ont un « sentiment de sécurité de base » déjà solide. Chez d’autres, ce socle est plus fragile, ça demandera plus d’énergie pour les rassurer, mais c’est d’autant plus important !

Il y a plein de petits gestes, de petites attentions que vous pouvez faire au quotidien pour montrer à votre enfant que vous veillez sur lui, qu’il peut compter sur vous. Dans certaines familles par exemple, on prend beaucoup de temps pour parler ensemble, ou jouer. Dans d’autres, ça passe par de petits signes, des « codes secrets » entre le parent et l’enfant : le parent dessine un petit cœur sur la main de l’enfant au moment de le déposer à l’école, ou encore il glisse un petit mot doux dans la boîte à tartines.

Ce qui compte pour amener chez l’enfant un sentiment de sécurité, c’est la continuité, la disponibilité, dans une relation positive.

Ici aussi, c’est un boulot sur le long terme : ça se travaille jour après jour.

Adapter mes attentes aux ressources et besoins de mon enfant.

Les parents mais aussi les enseignants nous font souvent part du sacro-saint principe de l’égalité dans l’éducation : pour tous les enfants, les mêmes outils, les mêmes attentes, les mêmes obligations et interdits.

Et si on s’autorisait à déroger à la règle ? Et si, en tant qu’adulte, on ajustait les règles et les attentes au profil de chaque enfant ? Il y a bien sûr des principes non-négociables, mais il y en a une quantité d’autres qui pourraient être appliqués de façon plus souple, selon le profil de l’enfant.

Par exemple : vous avez deux enfants. L’aîné a un tempérament plutôt calme, le second est curieux de tout mais un peu plus agité. Dans une salle d’attente, vous demandez aux deux enfants de rester assis et de ne pas faire de bruit. Pour l’aîné, ça semble plutôt facile. C’est par contre très difficile pour le deuxième de répondre à votre attente. Et si vous acceptiez que le second se lève et aille faire un tour dans le couloir ?

Ce qui compte, ce n’est pas de fixer le même objectif à chacun des enfants, mais de demander à chacun un petit effort, de viser un apprentissage.

Très souvent, les parents émettent de la réserve à ajuster les attentes à chaque enfant : « On les aime autant l’un que l’autre, alors on fait pour l’un comme pour l’autre ». Or les besoins de l’un ne sont pas ceux de l’autre, ni les ressources d’ailleurs.

Avec un enfant qui présente un comportement difficile, faire de la différenciation, c’est lui demander de faire des efforts à sa hauteur, pas de devenir en un instant un enfant « sage », capable de gérer à 100% ses émotions et son anxiété.

Adapter les attentes implique de réfléchir à la situation, à ce qui est aidant pour l’enfant, ce qui est à sa portée et ce qui est trop difficile pour lui. Cela demande de bien observer l’enfant, et, pourquoi pas, d’en parler avec lui.

En parler avec d’autres adultes, qui connaissent bien l’enfant (l’autre parent, un grand-parent, un enseignant…) permet de conscientiser ce qu’on attend de l’enfant et pourquoi on le lui demande.

Valoriser mon enfant dans ses ressources.

Souvent, face à un enfant au comportement difficile, on a tendance à ne plus voir que ce qui pose problème…

Les crises à répétition usent la patience des adultes et c’est bien normal !

Arrive un moment où il n’est plus possible de voir tout ce qui est positif chez l’enfant. Parvenir à poser un regard valorisant sur l’enfant, à ce moment-là, est un vrai levier de changement même si ça nécessite parfois de « se forcer un peu… »

Renforcez votre enfant en soulignant les choses chouettes, les moments où ça c’est bien passé.. même quand ça vous parait un peu insignifiant.

C’est aussi l’occasion d’ouvrir le dialogue sur ce qu’on attend de lui : c’est bien plus facile d’aborder les problèmes au moment où la relation est sereine et agréable, qu’après une crise qui  a fait du mal à tout le monde.